dimanche 31 janvier 2016

Notre soutien à la bibliothèque Anarchiste La Discordia

Nous relayons ici un communiqué de nos camarades 
de la bibliothèque Anarchiste La Discordia
et saluons le courage dont ils font preuve 
dans cette époque merdique.
Nous serons bien sur à coté d'eux face à la connerie concentrée.
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Des « tags » sur la bibliothèque anarchiste 
La Discordia

❝Comme prévu de longue date, mardi 26 janvier, s'est tenu à La Discordia le débat intitulé « Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique ». Nous voulions nous confronter avec d'autres sur un sujet qui est au carrefour de la confusion actuellement répandue entre condamnation du racisme et défense de la religion. Les réflexions communes ont été intéressantes, et la soixantaine de camarades et compagnons qui sont venus (promis, la prochaine fois on louera un lieu plus grand, et avec plus de chaises !) a démontré que pas mal de monde se retrouve dans cette nécessité de la critique révolutionnaire des religions, toutes les religions, même l'islam, que d'autres voudraient nous refourguer comme la « religion des opprimés ».

Cependant, en arrivant mardi après-midi, on a vu que la devanture de la Discordia avait été taguée, probablement dans la nuit. Des A cerclés (merci !) et des invectives (« fafs » et « racistes ») particulièrement mal écrites et pensées à la bombe de peinture noire. Le tout accompagné d'un feuillet de « revendication », affirmant que nous véhiculerions « des théories racistes et islamophobes » et que nous serions « la courroie de transmission des idéologies du pouvoir », etc.

Enfin, on ne va pas vous recopier toutes leurs âneries, qui ont bien fait rire tout le monde. Si vous voulez les lire, passez rire un coup (ou nous attaquer nous-mêmes plutôt que des murs)  à la bibli, lors de nos permanences et discussions.

La réponse à ces insultes à été le succès de la discussion du mardi 26, mais aussi de toutes les autres.

Pour la faire courte, les tags insultants (et difficilement lisibles) ont été effacés en cinq minutes (niveau pratique, c'est pas encore ça les minots !), les A cerclés resteront ! Nos voisins aussi ont bien rit de vos conneries, comme quoi, vos exploits n'ont strictement aucune incidence sur rien ni personne, hormis contre vous-mêmes et votre rance crèmerie.

Au passage, encore une petite remarque pour les courageux tagueurs/humoristes : si vous n'avez pas été filmés par la DGSI c'est parce que nous avions pris et détruit la caméra qui nous surveillait (bien avant la promulgation de l'état d'urgence). Chacun pourra apprécier la différence entre ceux qui s'en prennent (pathétiquement) à une bibliothèque anarchiste déjà menacée par la répression, et ceux qui sont en proie à des problématiques plus sérieuses.

Aucun autre tag n'a été relevé dans le quartier, ni sur des banques, ni sur des commissariats, ni des écoles travaillant avec la DGSI, ni sur des églises, synagogues ou mosquées. Une grande attaque révolutionnaire, donc, contre des anarchistes, donc. Si nous nous attendions à des « attentions » de ce type (nous pensions à quelque chose d'un peu plus « conséquent »), cela ne nous freinera aucunement dans la tentative d'élaborer, partager et diffuser des discours révolutionnaires clairs, sans complaisance avec aucune forme de pouvoir, y compris la religion, et sans remords dans la critique des compromis politicards de certaines franges du « milieu », au contraire !

Une pensée pour ces « fafs » d'incroyants, qui, de Téhéran à Saint-Denis, sont aujourd'hui traités d'« islamophobes » tant par de redoutables puissances, que par la petite bourgeoisie universitaire arriviste française qui ne connaît du racisme que celui de sa propre classe, et qui n'a montré pour seule pratique, en une dizaine d'année, que la capacité à écrire un tag illisible sur la façade d'une bibliothèque anarchiste et de s'organiser avec des autorités religieuses pour... organiser des conférences. Une pratique à la hauteur d'un discours.

De toute évidence, si on constate froidement le traitement que l’État réserve à des révolutionnaires athées d'un coté, et à la gauche racialiste/théocompatible de l'autre, on comprend rapidement qui peut réellement être qualifié de « courroie de transmission des idéologies du pouvoir » : ceux qu'il réprime habituellement ? Ou plutôt ceux à qui il offre des chaires dans ses universités et des postes d'encadrement dans ses institutions (en effet, cette galaxie est principalement composée d'universitaires et de cadres de la moyenne et haute bourgeoisie, immigrée ou non).

Pas étonnant donc, que leur cœur de cible politique n'ait ni respect ni oreille pour cette maison close post-moderne, comme l'ont prouvé tous les soulèvements récents, qui n'ont eu cure des raisonnements alambiqués de nos pieux universitaires, du Bahrein à Baltimore, en passant par Durban.

Pour finir, merci à toutes celles et ceux qui se sont pointés et qui se pointeront encore. Merci également à toute personne possédant des informations sur nos artistes engagés mais quelque peu pleutres, car incapables d'assumer leurs propos en face.

Nous appelons celles et ceux pour qui comptent les idées et pratiques révolutionnaires, qu'ils soient anarchistes ou non, à redoubler l'offensive contre cette nouvelle réaction, et à exprimer leur solidarité avec ceux qui se retrouvent dans le viseur de ces New Born réactionnaires, en prenant leur part de la critique, et du peu de courage qu'elle nécessite. Et en coupant court aux tentatives d'isolement des révolutionnaires anti-religion (n'est-ce donc plus un pléonasme?).

Contre toute forme de pouvoir, contre toute religion et tout racisme, vive la révolution et vive l'anarchie !❞

 *également en PDF ici :* 
http://ladiscordia.noblogs.org/files/2016/01/Des-«-tags-»-sur-la-bibliothèque-anarchiste-La-Discordia.pdf

Le 29/01/2016,
Quelques bibliothécaires de la discorde.

http://ladiscordia.noblogs.org/

mardi 26 janvier 2016

De la thanatopraxie stalinienne - A propos des éditions DELGA

De la thanatopraxie stalinienne.
A propos des éditions DELGA


La thanatopraxie ou les soins de conservation des corps de défunts "humains" de la décomposition, quoiqu'on en dise ne date pas de l’embaumement de Lénine.

Si, par certains aspects extérieurs uniquement, elle s'apparente un peu à une forme de taxidermie, les effets psychologiques et les formes souhaitées de l’illusion restent les mêmes.

Ce type d'artisanat à destination d'un au-delà a aussi trouvé quelques débouchés dans les musées et les édifices religieux… Il en trouve de nouveaux actuellement dans le monde de l’Édition.

Ainsi Les éditions Delga illustrent parfaitement ce que l'on pourrait qualifier d'entreprise de thanatopraxie stalinienne. On y exhibe sous des couvertures austères et violacées...  quelques cadavres bien raides du stalinisme politique.

Rien de plus morbide-chic certainement que de déterrer un Alvaro Cunhal (1) pour les 40 ans de la révolution des Oeillets ou de lire les pathétiques anecdotes de François de Negroni (2) sur le cadavre encore chaud, de feu Michel Clouscard, ce grand "sportif", qui recherchait désespérément une petite femme exotique et docile pour l’accompagner.

Les éditions Delga tentent aussi la réhabilitation/restauration d'animaux politiques bien froids, voire congelés, comme Staline avec son package "défense de l'Est" patronné par quelque idiot inutile spécialiste du clinamen et du matérialisme "antique" comme Jean Salem. Il n'en fallait pas moins !  Car ici c'est à la résurrection des corps que l'on s'attaque.

Mais en quittant l'art du maquillage post-mortem c'est à celui de l'archeothanatologie, combiné à celui de décongélation rapide, que s'attaquent les éditions. Et là bien sûr rien de pire que de travailler au micro-onde et au burin pour livrer, parait-il d'ici quelques temps, les Cahiers de prison d’Erich Honecker.

Rien d'étonnant méthodologiquement, la brutalité a toujours été un trait typique de l'idéologie stalinienne.

« Mur de protection antifasciste » 3,5 m de hauteur sur 155 km.
Quant aux ficelles -pardon,… aux fils de fers- il s'agit bien sur des mêmes. Matérialisme mécaniste (3), mobilisation du mythologique antifascisme stalinien au service de l'Etat-nation et du drapeau, complotisme du grand capital (Bilderberg), hégélianisme / historicisme sans dialectique.

Au bout du compte et après cinq minutes de réflexion (il n’en faut pas plus) le fou rire nous gagne. Comme s’il s’agissait pour les éditions Delga de singer les grandes éditions staliniennes du temps du rideau de fer: les Éditions Sociales. Mais le problème c’est que si la connerie reste la même, le public ne l'est plus.

Si certains ouvrages sont particulièrement illisibles (on pense particulièrement à M.Clouscard) les autres sont des caricatures idéologiques d’un autre siècle digne de la Pravda de la “meilleure époque” et du pire révisionnisme historique.

Rien d’étonnant (décidément), 27 ans après la “chute du mur” que les nostalgiques de la Karl-Marx Allee (et de ses appartements de fonctions) soient aussi attachés à leurs positions d'apparatchiks ou de prescripteurs, dans une société de réseaux qui se passe pour le meilleur et le pire, de leurs avis.

En scrutant attentivement la ligne éditoriale nous avons été tenté de nuancer notre compréhension de la démarche de la structure éditoriale à destination essentiellement du milieu universitaire nostalgique et décomposé. La piste rouge-brune ou confusionniste n’a à notre avis pas de sens car les positions défendues sont les positions historiques pourries du stalinisme. Ce type d'analyse, de piste interprétative pourrait laisser croire que le stalinisme “critique” ou “hétérodoxe” ou qu’une “gauche stalinienne” trotskiste ? existerait ! Seraient fréquentables ? Or nous savons déjà qu'il n'y a rien à négocier avec les partis, les défenseurs de L’État, du nationalisme, ou le capitalisme national humain dans un seul pays. Pas plus avec le contrôle ouvrier (4) ou le concept d’État ouvrier dégénéré.

Que des rapprochements entre staliniens et souverainistes de droite ou quelques anarchistes stalinisés par leur fréquentations trop étroites du syndicalisme d'appareils soient problématique ne pose en fait que la difficulté qu'on certains à  définir une perspective / ligne politique combattante et imprenable.

Nous avions déjà traité du commerce de cadavres par la Nouvelle Droite que les staliniens s’amusent à maquiller ou à décongeler.

Laisser les vivants déterrer les morts n’est pas une pratique réconfortante pour l’avenir même si nous préférerons de notre coté les cadavres exquis ! Et si nous avons un certain goût pour la mémoire, nous lui préférons celles des luttes bien vivantes débarrassées des mythes, illusions et mensonges sidérants.

Notes. 

Les Éditions Delga en hommage à la rue ou est né M.Clouscard  (rue des frères Delga) sur la commune de Gaillac dans le Tarn.

(1)  Rien que le titre de l'ouvrage confine au foutage gueule tragi-comique: Le Parti en toute transparence.

(2)  Avec Clouscard. Un must de poilade on comprendra mieux pourquoi le "sport"....comme ascèse. 

(3) Toujours dans le sillage du caricatural Principes fondamentaux de philosophie de Georges Politzer.

(4) Cher aux Éditions Syllepse, escrocs de l'autogestion.


Voir aussi notre inventaire.


samedi 16 janvier 2016

Crise sociales mythes et réalités de Karl NESIC

Nous apprenons le décès de Karl Nesic (né en 1945 et décédé ce janvier 2016) il avait été membre de Pouvoir Ouvrier, scission de Socialisme ou Barbarie quand ce groupe dirigé par Castoriadis renonça au marxisme et à l’analyse de classes. Pouvoir Ouvrier s’était auto-dissout en 1969.

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Voici deux livres de Karl NESIC que nous avions ajouté à notre bibliographie. Les ouvrages sont clairs et synthétiques et sans verbiage. Ils permettent une bonne compréhension des 30 dernières années. Les deux livres ont accompagné notre formation politique.

- Crise sociale mythes et réalités éditions L'Harmattan 1996. 270p.
-Un autre regard sur le communisme et son devenir ( Fragments d'analyse à l'usage des jeunes générations) éditions L'Harmattan 1996.315p.

Présentation de l'ouvrage Crise sociales mythes et réalités 
par l'éditeur

Jusqu'à aujourd'hui, prolétariat et capital se sont globalement et socialement affrontés sur l'organisation du travail et le développement des forces productives. Aujourd'hui, ce qui est au coeur du débat, du fait même du prodigieux développement du capital, c'est le travail lui-même et sa place dans le processus de valorisation du capital Ceci explique la particularité de la crise sociale actuelle, son ampleur et l' incapacité pour les capitalistes de tracer les moindres perspectives réelles et pouvoir la surmonter. Mais, a contrario, ce coeur permet potentiellement une radicalité communiste, qui, bien que déjà présente dans les luttes du prolétariat, a pu être masquée jusqu'à aujourd'hui par tous les réformismes, ouvriers comme patronaux, qui réussissaient à enfermer le combat des prolétaires dans et pour le développement même du capitalisme. Cette radicalité communiste .a même pour nom l'abolition du salariat et la fin du travail.

Nous assistons actuellement à la fin du cycle de production fordiste et keynésien,- dont le capital ne parvient pas à s'extraire, mais aussi et plus fondamentalement nous assistons à la fin d'un cycle général de développement social qui était donc celui de l'intégration du travail et des travailleurs dans et par le système d'exploitation, intégration sociale et politique par. ailleurs voulue et acceptée par les travailleurs.  Le cycle se retourne, et pour de longues années le capital ne pourra plus rien offrir, plus rien garantir aux prolétaires qui commencent à pouvoir redevenir la « classe dangereuse » du début de ce siècle. Les différentes formes d'encadrement du travail, le réformisme s'effondrent, et l' horizon social s'éclaircit précisément dans l'exacte mesure où la vision d'une société idyllique s'estompe avec la crise et son approfon­dissement. La perspective communiste est donc toujours à l'ordre du jour.


Table des matières

Quelques images.
Images toujours : Chômage et déqualification sociales
Ford et Keynes.
Les manifestations de la crise et les manifestations de la rupture.  
L'OST et la crise dans le processus de valorisation du capital.
La crise du travail, remarques sur l'idéologie du travail.
Mondialisation du capital.
Quelques remarques sur l'état.
Les prolétaires, hier et aujourd'hui.
Grandeur et limite de l'automation.
Le capital, un système plus fragile qu'il n'y parait.
Post-scriptum.


 

Karl Nesic, né le 10 mars 1945 dans une famille de cheminots et de mineurs, a exercé différents métiers, employé de bureau, agent d'entretien, éducateur de prévention, photograveur. Licencié économique....

Depuis plus de 30 ans, il participe de manière anonyme à tous les combats des prolétaires et à tous les débats qui traversent encore et toujours le mouvement. communiste.

samedi 2 janvier 2016

Connaissez-vous Josef Dietzgen ? Emission du 2/01/16 - Radio Vosstanie !

Emission de la Web Radio Vosstanie
Le 2 janvier 2016

Connaissez-vous Josef Dietzgen ?
- Vie et œuvre d'un ouvrier tanneur philosophe socialiste autodidacte -

Objet Web-Radiophonique.
(Lectures & sons divers)


Intro
Derive Phantom - Déclinaison by Derive

La raison pratique ou la morale
La sagesse, la rationalité
Le bien moral
Le sacré
 Qui était Josef Dietzgen ? par Eugen Dietzgen


TELECHARGER l'EMISSION  
(135 minutes)
 
* * *

"Le mérite de Dietzgen consiste à avoir fait de la philosophie une science de la nature, comme Marx l'avait fait pour l'histoire. De cette façon, l'instrument de la pensée humaine est débarrassé de l'élément fantastique : il est considéré comme une partie de la nature et son être particulier, concret, qui se transforme et se développe au cours de l'histoire, doit être connu toujours plus profondément au moyen de l'expérience."

"Marx a découvert la nature du processus matériel de la production et a établi son importance décisive comme moteur de l'évolution sociale. Mais il n'a pas expliqué en détail, à partir de l'essence de l'esprit humain, l'origine du rôle qu'il joue dans ce processus matériel. Avec la force traditionnelle de la pensée bourgeoise, cette limitation est une des raisons principales pour lesquelles ses théories ont été comprises de façon si imparfaite et si déformée. A présent, Dietzgen comble cette lacune, puisqu'il a pris justement l'essence de l'esprit pour objet de sa recherche. C'est pourquoi l'étude approfondie des écrits philosophiques de Dietzgen est un outil essentiel et indispensable pour comprendre les œuvres fondamentales de Marx et Engels. Les travaux de Dietzgen nous montrent que le prolétariat détient une arme puissante non seulement dans sa théorie économique, mais aussi dans sa philosophie. Apprenons à nous en servir."

Anton Pannekoek

Préface à L'essence du travail intellectuel de Josef Dietzgen, 1902
 


« Le monde en soi n’est pas autre chose que la somme de ses phénomènes. » Ces mots qui nous parviennent du cœur du XIXe siècle rendent un son étrangement actuel. Avoir réduit l’existant à la série d’apparitions qui le manifestent fut, disait-on naguère, le grand mérite de la pensée moderne. Or, celle-ci commence peut-être avec l’autodidacte allemand Josef Dietzgen qui, dans un combat intellectuel post-kantien et post-hégélien, aborde d’un œil neuf, en 1869, le problème de la connaissance. Pour lui, déjà, toute conscience est conscience de quelque chose ; mais le dernier vestige du transcendantal est banni, puisque ce sont les pensées qui constituent l’entendement, et non l’entendement qui forme les pensées. La chose en soi étant définitivement exorcisée, toute « épochè » ou « mise entre parenthèses », ultime refuge de l’idéalisme, est rendue ici superflue : la totalité de ce que notre conscience accueille, y compris les chimères, appartient à la réalité. Dans ce nouvel empirisme qui ne se soumet pas au jugement du scalpel, le recours inutile et même stérilisant à la physiologie est refusé pour l’explication du sens. Certes, la pensée est une fonction du corps mais ses contenus ne sont pas pour autant corporels ; ils sont une expérience « per se » et relèvent de la subjectivité humaine.

Dans un monde débarrassé de ses derniers dieux et de ses derniers fantômes, que l’homme soit la mesure de toutes choses n’est plus une limite, c’est un nouveau départ.

Cet ouvrage parut pour la première fois en 1869 à Hambourg.