dimanche 29 décembre 2013

Portugal le pays où la colère est couleur.


LE CLICHÉ français du « bon immigré portugais », travailleur acharné, gentil, invisible, qui ne fait jamais grève ni même ne proteste, qui dit toujours bonjour à ses maîtres, est en fin de compte plus bête que méchant, du moins lorsqu'on le compare au mythe lusitanien du « bom povo português », peuple qu'on dit soumis, résigné, respectueux de l'ordre et de l'autorité. Alors que le premier autorisait en France un racisme inversé, le second renforce au Portugal l'attaque frontale que subissent les travailleurs, organisée par la « troïka » et l'Etat portugais, au service du capital, bien entendu. 
Le premier des deux textes de la présente brochure explore l'apparente passivité des Portugais face à cette guerre d'agression menée sous couvert de la crise et dégage quelques pistes permettant d'aller au-delà de cette vision simpliste. Après un retour sur quelques aspects de la Révolution des oeillets et des années post-1974, il met en évidence des fissures qui, pour la première fois depuis la période 1974-1975, ébranlent le consensus : grèves générales à répétition (bien que touchant avant tout le secteur public), mise en cause des gauches institutionnelles, tentatives d'action autonome des travailleurs (transports, dockers...), initiatives collectives d'auto-organisation. 
Ces dernières, ouvertement anticapitalistes et autonomes par rapport aux partis et aux syndicats, sont certes
pour l'instant — très minoritaires, mais elles reflètent la grogne sociale montante. Elles surgissent non seulement dans la capitale mais aussi à Porto et dans des villes de moindre importance, et même dans des zones rurales. C'est au sein de l'une de ces initiatives auto-organisées, RDA (cf « Sur le Portugal, son histoire, son présent » p. 3), que s'est formé un collectif de jeunes radicaux, Ediçôes Antipâticas, auteur du deuxième texte. Adoptant une approche chronologique, son analyse saisit de façon pertinente et intelligente les changements produits par la crise dans la société portugaise, l'impasse des vieilles pratiques politiques, les tentatives de leur dépassement et les nouvelles questions soulevées par les antagonismes et luttes récentes. Ces deux textes partagent une vision lucide du mouvement social de ces dernières années au Portugal et de leurs limites, mais aussi des perspectives et des espérances qu'elles laissent entrevoir.

Par le Collectif les ponts tournants - 54p / 3€ .
Dans les bonnes librairies.